Demeure Benjamin Fondane

De 1932 jusqu'à son arrestation en 1944, Benjamin Fondane habitait ici avec sa femme et sa sœur. A votre droite, vous pouvez observer la petite place qui porte son nom: place Benjamin Fondane, inaugurée en 2005. Écoutons le témoignage de Paul Daniel, son beau-frère: “Fundoianu habitait rue Rollin, l’une des rues les plus caractéristiques du Quartier Latin; une ruelle étroite et courte dont l’extrémité descendait par un petit escalier tortueux [...]. De l’autre côté, au numéro 6 -- me dit le poète -- se trouve une maison historique permettant de découvrir des épisodes importants du passé tourmenté de la France. Aussi vieille que les autres, la maison était sise de côté mais elle était encore solide et semblait fière des années dont elle portait le fardeau. Des fenêtres donnant sur la rue étaient voilées de rideaux -- trahissant la présence et le goût d’une femme --. Ils étaient noués avec un ruban rouge comme il en va dans nos maisons de Roumanie. Le poète habitait là. Dès le lendemain, nous sommes partis nous promener tout tranquillement à travers la Ville lumière. Les vieilles rues, silencieuses et solennelles dans cette atmosphère d’été sec semblaient dessiner une ville vidée de ses êtres humains où seules les reliques du passé étaient restées pour continuer de vivre leur histoire…” 

B. Fondane y recevait aussi ses deux témoins de mariage, Constantin Brancusi et son ami Chestov. Sur Brancusi, Fondane disait en 1929 dans "Les Cahiers de l’Etoile" : « Car Brancusi n’est vraiment pas d’aujourd’hui, ni de sa patrie, ni de son siècle. » Léon Schwartzmann, dit Chestov, était né à Kiev, et vint s’installer à Paris en 1920. Professeur de philosophie, il enseignait à l'Institut d'études slaves, rattaché à l'université de Paris. Sur le plan philosophique, Chestov a joué un rôle important pour Fondane. C'est à son domicile que Fondane et sa sœur sont arrêtés le 7 mars 1944. Le 30 mai c'est le départ de leur convoi de Drancy vers Auschwitz.